Les cahiers de l’Iroise
Société d’études de Brest et du Léon
Numéro 228. Janvier, février, mars 2018
Dans la continuité de son précédent ouvrage, Pierrick Chuto retrace la deuxième partie de la vie de son grand-père, Auguste. La généalogie peut mener les plus ambitieux à s’intéresser au quotidien et au contexte historique de leurs ancêtres. L’exercice réalisé ici est un modèle du genre.
Profitant du retentissement médiatique dû à l’activité politique de son ancêtre, il exploite judicieusement, parmi de très nombreuses sources, les archives de la presse locale. La mise en vis-à-vis de deux points de vue radicalement opposés fait bien percevoir au lecteur le contexte émotionnel de l’époque, dont la violence n’est pas absente. C’est l’intérêt majeur de l’ouvrage d’en faire prendre conscience aux générations actuelles.
Sous la plume sans complaisance de son petit-fils, le combat du très croyant Auguste Chuto contre le radicalisme laïque tend parfois à se lire comme un roman d’aventures.
Il faut dire que les personnalités et les convictions des acteurs du canton semblent avoir abouti à une sorte de paroxysme conflictuel. Les recours au Conseil d’État furent nombreux et le recours à des pratiques politiques qui feraient scandale aujourd’hui ne fut pas rare. Mais la densité de l’écriture incite le lecteur à la retenue. Un travail de recherche remarquable et une restitution efficace donnent souvent le sentiment d’une information par phrase.
Nul n’est tenu de partager l’intérêt de Pierrick Chuto pour son grand-père. Mais son nouvel ouvrage mérite d’être lu par toute personne se mettant en tête d’évoquer, sans vraiment en connaître, la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, dans le cadre de débats actuels sur la laïcité.
Rémi de Kersauson